Ensaio originalmente publicado em francês na revista online Flusser Studies nº. 39, maio de 2025.
*** Atenção para o P.S. ao final da transcrição em francês e da tradução em português! ***
La photographie a été inventée en 1839 par Daguerre et Niépce. Vérité historique des Français. Ou bien : la photographie a été inventée en 1839 par Talbot. Vérité historique des Anglais. Chaque peuple écrit l’histoire. Sa petite histoire. C’est une question de fierté nationale. C’est une question de pouvoir. La vérité historique doit se plier à ces impératifs. La vérité est secondaire par rapport à la fierté. Et surtout par rapport au pouvoir. La multiplicité des supposés inventeurs de la photogra- phie (il y eut aussi Hippolyte Bayard) doit être niée. Mais ce sont là des édifices fragiles. Des cons- tructions de carton-pâte. Un rien peut les ébranler. Un fait nouveau peut surgir, de l’autre bout du monde, qui va démolir ces prétendues vérités historiques. Ces petites histoires pèsent peu dans le flux de l’histoire. Mais pour le voir il faut prendre du recul. Et c’est bien là ce que les hommes ne savent pas faire. Et il faut lutter contre les pouvoirs existants. Et c’est bien là ce que les hommes n’osent pas faire.
Le 15 janvier 1833 (en ayant eu l’idée quelques mois plus tôt), un inconnu autodidacte nommé Hercule Florence inventa la photographie dans l’hinterland du Brésil, loin des centres scientifiques et culturels. Qu’est-ce qu’une invention ? Une invention, c’est faire et c’est nommer. Hercule Flo- rence nomma. Il écrivit le mot « photographie » dans son journal ce jour-là. Il écrivit « Note sur la photographie » ce jour-là. Et il fut le premier au monde à le faire. Six ans avant John Herschel et Eugène Desmarets. Photographie : écriture avec la lumière. Personne avant lui n’avait osé ce mot, personne ne l’avait composé. Personne même n’avait écrit « écriture avec la lumière » dans quelque langue que ce soit, avec quelque étymologie que ce soit. Ce sont les mots qui construisent l’histoire. L’histoire n’existe pas sans mots. En créant ce mot, en le posant là, Hercule Florence entra dans l’histoire. Et peut-être le mot est-il plus important que la chose. L’invention de la photographie marque une rupture dans l’histoire qu’on peut comparer à une autre rupture historique, celle de l’invention de l’écriture linéaire. Et c’est son mot à lui qui est resté. Daguerréotype et calotype ont disparu. Les choses, mais aussi les mots.
Mais Hercule Florence inventa aussi la chose. Il fit, il créa. Cela et d’autres choses. Monégasque, il venait des rives de la Méditerranée. Aventurier, il arriva au Brésil à 20 ans, en 1824. Je partage cela avec lui. Je sais ce que peut signifier immigrer au Brésil à 20 ans : je fus moi aussi, cent seize ans plus tard, par contrainte et non par choix d’aventure, un exilé, un immigrant désorienté et curieux.
Un autre monde. On regarde ce nouveau monde, on l’explore, on l’apprend, on tente d’y trouver sa place. C’est la nécessité de l’exilé, pour qui les contraintes imposées par le nouveau pays sont fructueuses. On essaie de le comprendre, de le maîtriser. Sa nature, sa civilisation, sa langue, sa culture. On est un étranger et on devient Brésilien. Hercule Florence regarda, explora et rendit compte. Rapidement, peu après son arrivée. Ce qu’il voulait, c’était montrer ce monde, représenter ce réel. Il le fit pendant trois ans comme dessinateur d’une expédition scientifique naturaliste dans l’intérieur du pays. Il dessina des plantes, des animaux et des Indiens, inlassablement. Il rédigea le journal de bord de l’expédition. C’est-à dire qu’il nomma aussi. Les plantes et les animaux inconnus. Il écrivit leurs noms, les inventa peut-être. Il était doué pour l’invention de mots. Nommer et des- siner ne suffisaient pas. Il inventa alors un système de notation des chants des oiseaux et des cris des animaux terrestres. Toujours rendre compte, trouver un moyen de représenter. Inventeur com- pulsif mais pratique, il explora de nouvelles techniques pour l’impression sur tissu et sur papier sans presse, pour la peinture par pulvérisation, pour l’effet de relief en peinture. Dans un pays où, jusqu’il y a peu, l’imprimerie était interdite, la presse locale était interdite. Dans un pays qui décou- vrait tout juste la pensée libérale et l’espace public. Dans un pays loin des centres de savoir euro- péens. Toujours, la transmutation d’un support à un autre : des cris d’animaux en notation écrite, de l’écrit en imprimé, de l’imprimé en photographique. Et toujours, il les nomma : polygraphie (ce que nous appelons photocopie), pulvographie, stéréopeinture. Inventer, c’est faire et c’est nommer. Inventer sans nommer n’a pas de sens, pas de poids, pas d’histoire. Peut-être Niépce l’a-t-il fait avant lui, les nommant héliographies, écritures par le soleil. Un joli mot, mais sans pérennité. Peu importe, Florence est lui aussi un inventeur. Et il a, lui, la paternité du mot.
Florence était dessinateur et peintre. Il aimait (comme Daguerre) le clair-obscur, la transparence, les reflets, la fumée, les nuages. Et il inventa la peinture cisparente, plaçant des feuilles de papier dans une chambre obscure pour y reproduire les images de l’extérieur. C’était une forme de camera obscura. Son premier appareil était rudimentaire : une caisse de bois couverte avec sa palette de peintre et la lentille d’une lorgnette dans le trou de la palette. N’est-il pas merveilleux que la peinture (la palette) fut ainsi mise au service de la photographie ? Alors que Baudelaire voyait la photogra- phie comme une très humble servante de l’art. La peinture cisparente ne fut peut-être pas une véritable invention technique. Mais ce fut une invention linguistique. Florence inventeur de mots. Cisparent. De ce côté-ci du visible. Et, début 1833, il enduisit ces papiers de nitrates d’argent. Il parvint à fixer l’image avec de l’ammoniaque et de l’urine. Et ainsi il inventa la photographie. La première photographie fixée, pérenne, sans doute. Le premier positif-négatif. Il photographia (comme Niépce) la vue depuis la fenêtre de son cabinet de travail, la prison de sa ville, un buste de La Fayette.
Ne subsistent de lui que des photographies par contact. Des étiquettes, des diplômes. Des repro- ductions proches de l’imprimerie plutôt que des prises de vue originales. Celle de la collection du bouquiniste Pedro Correa do Lago2 montre des étiquettes de flacons de produits chimiques. Sans doute ceux qu’il utilisait. Une photographie auto-référentielle. Presque un autoportrait. Elle a pour nom, écrit de sa main, « Épreuve nº2 (Photographie) ». En 1838, Florence offrit au Prince Joinville, gendre de l’Empereur du Brésil, le portrait photographique d’un Indien Bororo, obtenu par contact d’un de ses dessins. Sans doute le premier portrait photographique au monde. Il réalisa aussi des clichés-verre. Florence essaya aussi avec des sels d’or. Il n’en reste pas d’exemple. Peut-être était- ce trop coûteux. Même si, par son mariage, Florence était devenu un riche propriétaire terrien. Et, contre son gré, un esclavagiste. Mais c’est une autre histoire. Celle de ses mariages, de ses enfants, des esclaves, et du collège Florence, le premier collège pour jeunes filles du pays.
Il ne reste que très peu d’images photographiques d’Hercule Florence. Ces étiquettes de 1833, un diplôme maçonnique. Pourquoi le reste a-t-il disparu ? Serait-ce pour des raisons techniques ? Ou bien serait-ce parce que ce pays ne sait pas préserver son histoire ? Parce que, longtemps, il ne s’est guère soucié de son passé autre que glorieux, colonisateur et conquérant ? Je crois plutôt que c’est parce que le discours européen, français ou anglais, a dominé. Parce que l’Europe a imposé son histoire. Le pauvre Florence ne faisait pas le poids. Le pauvre Brésil ne faisait pas le poids non plus.
Comme je l’ai écrit ailleurs, la photographie est un appareil. Les images techniques sont produites par des appareils. L’appareil photo est une boîte noire programmée à produire des photographies, et chaque photographe réalise une des possibilités qu’offre le programme de l’appareil. Le photo- graphe est à l’intérieur de son appareil. L’homme et l’appareil se confondent pour ne faire plus qu’un. Ainsi pouvons-nous qualifier le photographe de fonctionnaire de l’appareil.
L’invention européenne de la photographie est le fruit de deux appareils, un de pouvoir politique et un de pouvoir économique et financier. La combinaison des deux est ce qui constitue depuis bientôt 150 ans le système photographique dans lequel nous vivons. À l’exception de rares rebelles, que j’ai nommés « photographes expérimentaux » : ceux qui savent qu’ils jouent contre les appa- reils, ceux qui tentent de répondre à la question de la liberté dans le contexte général des appareils. Après la mort de Niépce, Daguerre est allé proposer leur invention au gouvernement français. En faisant cela, il a transformé une invention révolutionnaire en outil utilisable par le pouvoir à ses propres fins. Il a abdiqué sa liberté de créateur au profit du bien public, de la raison d’état, du pouvoir politique. François Arago, lors de la présentation du daguerréotype le 3 juillet 1839 à la Chambre des Députés, a mis en avant le fait que cette invention serait une source de richesse et un instrument de pouvoir. Elle servirait le triomphe des valeurs républicaines autant que celui de la découverte technologique. De tels progrès préparent la voie d’un état démocratique idéal. Les états doivent développer les plus nobles applications comme celle-ci dans leur propre intérêt. Ils doivent faire converger la science, l’art et la politique vers un même but. La photographie au service de l’appareil de la science, et la science au service de l’appareil de l’État. Une chose publique. Les programmes qui en découlent et les fonctionnaires qui les exécutent. Des photographes fonction- naires de cet appareil qui doivent raisonner en termes de pouvoir, de contraintes et d’utilité. Des photographes qui ont dû abdiquer leur liberté créatrice pour se conformer aux normes du pouvoir politique et médiatique, pour obtenir des commandes et être publiés.
Concurremment, Talbot a inventé le calotype, une photographie multiple. Une photographie qu’on peut reproduire. Une photographie qui devient un objet. Un objet qu’on peut vendre, qu’on peut acheter. Une économie de travail et d’argent, un potentiel commercial certain. Il faut payer pour l’objet photographie, et il faut payer pour le brevet de la calotypie. Un univers marchand. Un ap- pareil financier. Des programmes qui impliquent un transfert financier. Des photographes fonc- tionnaires de cet appareil qui doivent raisonner en termes de revenus, de coûts et de profits. Des photographes qui ont dû abdiquer leur liberté créatrice pour entrer dans le marché, être vendables et vendus.
La tristesse de l’histoire d’Hercule Florence, c’est qu’il était loin de tout et n’avait aucune chance d’être reconnu. Quand il apprit l’existence du daguerréotype, en 1840, il fut troublé et amer. Et il ne s’occupa plus jamais de photographie. Son invention sombra dans l’oubli. Les faits nouveaux ne sont pas bienvenus dans l’Histoire consacrée, celles des dominants.
La beauté de l’histoire d’Hercule Florence, c’est qu’il était là avant. Un inventeur. Un expérimenta- teur. Une image unique. Pas de règles. Pas de programmes. Pas (encore) d’appareil. Ni politique, ni financier. Nul ne sait ce qui serait advenu si cet obscur Brésilien était devenu, comme il se devrait, l’inventeur officiel de la photographie en lieu et place de ceux qui furent reconnus. Mais sa force (et son charme) est qu’il reste le premier et le seul photographe d’avant l’appareil. Avant l’appareil du pouvoir, avant l’appareil de la finance. Nous sommes dans la post-histoire, à la fin de l’ère écrite alphabétique, dans le triomphe des images techniques. Florence fut le premier à produire des images techniques. Le premier à inventer l’art de reproduire le monde sans se donner la peine de le faire soi-même. Le premier photographe libre. Le premier franc-tireur. Le premier révolution- naire. Et, comme je l’ai écrit ailleurs, la seule possibilité de révolution qui nous reste aujourd’hui, c’est d’avoir une philosophie de la photographie.
P.S. Comme vous vous en êtes peut-être déjà rendu compte, ce texte est un faux. Une fiction. Vilém Flusser ne l’a pas écrit. Mais il aurait pu l’écrire. Le 23 avril 1986, Madame Michou Strauch-Barelli et Monsieur Alain Leloup, du Centre niçois de photographie, écrivirent à Vilém Flusser à Robion pour lui proposer de participer à un colloque à la mémoire d’Hercule Florence sur le thème « Problématique des inventions des systèmes photographiques et de leurs diffusions », qui devait se tenir les 18 et 19 octobre 1986 à la Villa Arson à Nice et être coordonné par le critique italien Angelo Schwarz, que Flusser connaissait bien. Flusser accepta par une lettre du 2 mai. L’historien brésilien Boris Kossoy devait présenter l’invention de la photographie par Hercule Florence ; parmi les autres intervenants pressentis se trouvaient André Rouillé, Alain Desvergnes, Jean Arrouye, Michel Frizot et Anne Baldassari. Malheureusement, le 26 juin, le Centre niçois de photographie informa Flusser que le colloque n’aurait pas lieu, par suite du désistement financier de la DRAC 3. J’ai donc imaginé que, au lieu de faire, comme prévu, une conférence plus générale titrée « la photo comme image technique : la fin de l’histoire », Flusser s’était intéressé à Florence, arrivé comme lui au Brésil à l’âge de 20 ans. Mon inspiration a été un essai de Sergio Burgi, conservateur du fonds photographique de l’Instituto Moreira Salles (São Paulo et Rio de Janeiro), la plus vaste collection brésilienne de photographie. Cet essai, titré « De Florence à Flusser. L’invention de la photographie et la réflexion critique sur son influence et sa présence dans les arts visuels et la culture contemporaine » est paru dans Hercule Florence. Le Nouveau Robinson4, catalogue de l’exposition sur Hercule Florence au Nouveau Musée National de Monaco du 17 mars au 11 juin 2017 (commissariat Linda Fregni Nagler et Cristiano Raimondi)5. L’autre livre de référence en français sur Hercule Florence est : Boris Kossoy, Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil, Paris, L’Harmattan, 2016. On peut aussi lire mon article sur Hercule Florence dans la revue en ligne TK-21 de décembre 2024 : https://www.tk-21.com/Un-meteque-nomme-Hercule-Florence
Marc Lenot, Paris 15.04.2025
2 Pedro Corrêa do Lago est fondateur de l'éditeur Capivara, spécialisé dans l'art brésilien. [N. de l'Éd.]
3 Ces lettres se trouvent dans l’Archive Vilém Flusser dans le dossier CON8, Conférences annulées sous les cotes 36 à 41, aux pages 51-56. [N. de A.]
4 https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=6308&menu=0 [N. de l'Éd.]
A fotografia foi inventada em 1839 por Daguerre e Niépce. Verdade histórica dos franceses. Ou então: a fotografia foi inventada em 1839 por Talbot. Verdade histórica dos ingleses. Cada povo escreve sua história. Sua pequena história. É uma questão de orgulho nacional. Uma questão de poder. A verdade histórica precisa se curvar a esses imperativos. A verdade é secundária em comparação ao orgulho. E sobretudo em comparação ao poder. É preciso negar que sejam muitos os supostos inventores da fotografia (houve também Hippolyte Bayard). Mas trata-se de edifícios frágeis. De construções em papel machê. Qualquer coisinha pode estremecê-los. Pode surgir um fato novo, do outro lado do mundo, capaz de demolir essas pretensas verdades históricas. Essas pequenas histórias têm pouco peso no fluxo da história. Mas para vê-lo é necessário tomar certa distância. E é justamente isso que os seres humanos não sabem fazer. É preciso lutar contra os poderes estabelecidos. E é justamente isso que os seres humanos não ousam fazer.
No dia 15 de janeiro de 1833 (depois de ter tido a ideia uns meses antes), um autodidata desconhecido chamado Hercule Florence inventou a fotografia no interior do Brasil, longe dos grandes centros da ciência e da cultura. O que é uma invenção? Uma invenção é fazer e nomear. Hercule Florence nomeou. Nesse dia, ele escreveu a palavra “fotografia” em seu diário. Nesse dia, escreveu “Nota sobre a fotografia”. E foi o primeiro no mundo a fazer isso. Seis anos antes de John Herschel e Eugène Desmarets. Fotografia: escrita com a luz. Ninguém antes dele tinha ousado essa palavra, ninguém a havia criado. Inclusive ninguém inscrevera “escrita com a luz” em nenhuma língua, com nenhuma etimologia. São as palavras que constroem a história. A história não existe sem as palavras. Ao criar essa palavra, ao escrevê-la, Hercule Florence entrou para a história. E talvez a palavra seja mais importante do que a coisa em si. A invenção da fotografia marca uma ruptura na história comparável a outra ruptura histórica, a da invenção da escrita linear. E foi a palavra dele que ficou. Daguerreótipo e calótipo desapareceram. As coisas, e também as palavras.
Mas Hercule Florence inventou também a coisa. Ele fez, ele criou. Essa e outras coisas. Monegasco, vinha da costa do Mediterrâneo. Aventureiro, chegou ao Brasil aos 20 anos, em 1824. Compartilho isso com ele. Sei como é imigrar para o Brasil aos 20 anos: também fui, 116 anos depois, por imposição e não por escolha de aventura, um exilado, um imigrante desorientado e curioso.
Um outro mundo. Observamos esse mundo novo, exploramos, aprendemos, tentamos encontrar nosso lugar. É a necessidade do exilado, para quem as restrições impostas pelo novo país são proveitosas. Tentamos compreendê-lo, dominá-lo. Sua natureza, sua civilização, sua língua, sua cultura. Somos estrangeiros e nos tornamos brasileiros. Hercule Florence observou, explorou e registrou. Muito rápido, logo depois de chegar. O que ele queria era mostrar esse mundo, representar esse real. Foi o que fez durante três anos, como desenhista de uma expedição científica naturalista pelo interior do país. Desenhou plantas, animais e indígenas, incansavelmente. Escreveu o diário de bordo da expedição. Ou seja, também nomeou. As plantas e os animais desconhecidos. Escreveu seus nomes, talvez os tenha inventado. Tinha talento para inventar palavras. Não bastava nomear e desenhar. Ele inventou, então, um sistema de notação do canto dos pássaros e dos sons dos animais terrestres. Sempre registrar, encontrar um meio de representar. Inventor compulsivo, mas pragmático, explorou novas técnicas para impressão sobre tecido e papel sem prensa, para pintura por pulverização e para obter o efeito de relevo na pintura. Num país onde, até pouco tempo antes, a impressão era proibida, a imprensa local era proibida. Num país que começava a descobrir o pensamento liberal e o espaço público. Num país distante dos centros europeus do saber. Sempre a transmutação de um suporte a outro: dos sons dos animais para a escrita, da escrita para o impresso, do impresso para o fotográfico. E ele sempre nomeando: poligrafia (o que hoje chamamos de fotocópia), pulvografia, estereopintura. Inventar é fazer e nomear. Inventar sem nomear não tem sentido, não tem peso, não tem história. Talvez Niépce o tenha feito antes dele, nomeando-as de heliografias, escritas pelo sol. Uma palavra bonita, mas sem perenidade. Pouco importa, Florence também é inventor. E é ele que detém a paternidade da palavra.
Florence era desenhista e pintor. Adorava (como Daguerre) o claro-escuro, a transparência, os reflexos, os esfumados, as nuvens. Ele inventou a pintura cisparente, botando folhas de papel numa câmara escura para reproduzir as imagens do exterior. Era um tipo de camera obscura. Seu primeiro aparelho era rudimentar: uma caixa de madeira coberta por sua paleta de pintura, com uma lente de monóculo no buraco da paleta. Não é maravilhoso que a pintura (a paleta) tenha sido posta assim a serviço da fotografia? Enquanto isso, Baudelaire enxergava a fotografia como uma humilde serva da arte. A pintura cisparente talvez não tenha sido de fato uma invenção técnica. Mas foi uma invenção linguística. Florence inventor de palavras. Cisparente. Do lado de cá do visível. E, no início de 1833, ele revestiu esses papéis com nitrato de prata. Conseguiu fixar a imagem usando amoníaco e urina. E foi assim que inventou a fotografia. Provavelmente a primeira fotografia fixada, perene. O primeiro positivo-negativo. Ele fotografou (como Niépce) a vista da janela de seu gabinete de trabalho, a prisão de sua cidade e um busto de La Fayette.
Só restam dele fotografias por contato. Etiquetas, diplomas. Reproduções mais próximas da impressão do que de capturas originais. A que pertence à coleção do alfarrabista Pedro Corrêa do Lago2 mostra etiquetas de frascos de produtos químicos. Provavelmente os que ele utilizava. Uma fotografia autorreferente. Quase um autorretrato. Tem como título, escrito de seu próprio punho, “Épreuve no 2 (Photographie)” [Prova no 2 (Fotografia)]. Em 1838, Florence deu ao Príncipe de Joinville, genro do Imperador do Brasil, o retrato fotográfico de um índio Bororo, obtido por contato com um de seus desenhos. Provavelmente o primeiro retrato fotográfico do mundo. Ele também fez clichés-verre. Florence tentou igualmente com sais de ouro. Disso não sobrou nenhum exemplo. Talvez fosse caro demais. Embora, com seu casamento, Florence tenha se tornado um rico proprietário de terras. E, contra sua vontade, escravagista. Mas essa é outra história. De seus casamentos, de seus filhos, dos escravizados e do Colégio Florence, primeiro colégio do país para meninas.
Restam pouquíssimas imagens fotográficas de Hercule Florence. Essas etiquetas de 1833, um diploma maçônico. Por que o restante sumiu? Por questões técnicas? Ou porque este país não sabe preservar sua história? Será que é porque, durante muito tempo, o único passado que lhe interessou foi o glorioso, colonizador e conquistador? Acredito, na verdade, que tenha sido porque o discurso dominante foi o europeu, seja ele francês ou inglês. Porque a Europa impôs sua história. O pobre Florence não tinha peso. O pobre Brasil também não tinha.
Como já escrevi antes, a fotografia é um aparelho. As imagens técnicas são produzidas por aparelhos. O aparelho fotográfico é uma caixa-preta programada para produzir fotografias, e cada fotógrafo executa uma das possibilidades que a programação do aparelho oferece. O fotógrafo está dentro de seu aparelho. Homem e aparelho se confundem, tornando-se uma coisa só. De modo que podemos chamar o fotógrafo de funcionário do aparelho.
A invenção europeia da fotografia é fruto de dois aparelhos um de poder político e outro de poder econômico e financeiro. A combinação deles dois é o que constitui, há quase 150 anos, o sistema fotográfico em que vivemos. Com exceção de raros rebeldes, a quem chamei de “fotógrafos experimentais”: aqueles que sabem que atuam contra os aparelhos, que tentam responder à questão da liberdade no contexto geral dos aparelhos. Após a morte de Niépce, Daguerre apresentou a invenção deles ao governo francês. Ao fazer isso, transformou uma invenção revolucionária em ferramenta que o poder poderia utilizar para seus próprios fins. Ele abdicou de sua liberdade de criador em prol do bem público, da razão de Estado, do poder político. Durante a apresentação do daguerreótipo no dia 3 de julho de 1839 à Câmara dos Deputados, François Arago afirmou que a invenção seria uma fonte de riqueza e um instrumento de poder. Serviria tanto para o triunfo dos valores republicanos quanto da descoberta tecnológica. Progressos como esse pavimentam o caminho para um Estado democrático ideal. Os Estados precisam desenvolver as aplicações mais nobres, como essa, para satisfazer seus próprios interesses. Precisam fazer a ciência, a arte e a política convergirem para um mesmo objetivo. A fotografia a serviço do aparelho científico, e a ciência a serviço do aparelho estatal. Um bem público. Os programas que surgem a partir daí, e os funcionários que os executam. Fotógrafos que são funcionários desse aparelho e precisam raciocinar em termos de poder, de restrições e de utilidade. Fotógrafos que precisaram abrir mão de sua liberdade criativa para se adequar às normas do poder político e midiático, para receber encomendas e serem publicados.
Em paralelo a isso, Talbot inventou o calótipo, uma fotografia multiplicável. Uma fotografia que pode ser reproduzida. Que se transforma em objeto. Um objeto que pode ser vendido, que pode ser comprado. Uma economia de trabalho e de dinheiro, com potencial comercial garantido. É preciso pagar pelo objeto fotografia, e é preciso pagar pela licença da calotipia. Um universo mercantil. Um aparelho financeiro. Programas que envolvem uma transação financeira. Fotógrafos que são funcionários desse aparelho e precisam raciocinar em termos de receitas, de custos e de lucros. Fotógrafos que precisaram abrir mão de sua liberdade criativa para entrar no mercado, serem vendáveis e vendidos.
A parte triste da história de Hercule Florence é que ele estava longe de tudo e não tinha a menor chance de obter reconhecimento. Quando soube da existência do daguerreótipo, em 1840, ficou perturbado e amargurado. E nunca mais quis saber da fotografia. Sua invenção caiu no esquecimento. Os fatos novos não são bem-vindos na História consagrada, a dos dominantes.
A parte bonita da história de Hercule Florence é que ele foi pioneiro. Um inventor. Um experimentador. Uma figura única. Sem regras. Sem programas. Sem (ainda) um aparelho. Nem político, nem financeiro. Ninguém sabe o que teria acontecido se esse brasileiro obscuro tivesse se tornado, como deveria, o inventor oficial da fotografia, no lugar de quem acabou sendo reconhecido como tal. Mas sua força (e seu encanto) é que ele continua sendo o primeiro e único fotógrafo de antes do aparelho. Antes do aparelho de poder, antes do aparelho financeiro. Nós estamos na pós-história, no fim da era da escrita alfabética, no momento de triunfo das imagens técnicas. Florence foi o primeiro a produzir imagens técnicas. O primeiro a inventar a arte de reproduzir o mundo sem se dar o trabalho de fazê-lo por conta própria. O primeiro fotógrafo livre. O primeiro franco-atirador. O primeiro revolucionário. E, como já escrevi antes, a única possibilidade de revolução que nos resta hoje é ter uma filosofia da fotografia.
p.s.: Como você já deve ter percebido, este texto é falso. Fictício. Não foi Vilém Flusser que o escreveu. Mas poderia ter escrito. Em 23 de abril de 1986, a sra. Michou Strauch-Barelli e o sr. Alain Leloup, do Centre niçois de photographie [Centro de Fotografia de Nice], escreveram para Vilém Flusser, em Robion, convidando-o a participar de um colóquio em memória de Hercule Florence. O tema seria “Problemática das invenções dos sistemas fotográficos e de suas difusões”, e o colóquio aconteceria nos dias 18 e 19 de outubro daquele mesmo ano, na Villa Arson, em Nice, sob a coordenação do crítico italiano Angelo Schwarz, que Flusser conhecia bem. Flusser respondeu por carta, em 2 de maio, aceitando o convite. O historiador brasileiro Boris Kossoy faria uma apresentação sobre a invenção da fotografia por Hercule Florence; entre os outros palestrantes previstos estavam André Rouillé, Alain Desvergnes, Jean Arrouye, Michel Frizot e Anne Baldassari. Infelizmente, no dia 26 de junho, o Centre niçois de photographie informou a Flusser que o colóquio seria cancelado depois da desistência do financiamento por parte da Direction régionale des Affaires Culturelles [Direção Regional de Assuntos Culturais] (DRAC).3 Então imaginei que, em vez de fazer, como previsto, uma conferência mais geral intitulada “A foto como imagem técnica: o fim da história”, Flusser teria se interessado por Florence, que, como ele, chegou ao Brasil aos 20 anos. Minha inspiração foi um ensaio de Sergio Burgi, coordenador do acervo fotográfico do Instituto Moreira Salles (de São Paulo e do Rio de Janeiro), a maior coleção brasileira de fotografia. Esse ensaio, intitulado “De Florence à Flusser. L’invention de la photographie et la réflexion critique sur son influence et sa présence dans les arts visuels et la culture contemporaine” [De Florence a Flusser. A invenção da fotografia e a reflexão crítica sobre sua influência e sua presença nas artes visuais e na cultura contemporânea], saiu em Hercule Florence. Le Nouveau Robinson,4 catálogo da exposição sobre ele que se realizou no Nouveau Musée National de Monaco [Novo Museu Nacional de Mônaco], de 17 de março a 11 de junho de 2017 (com curadoria de Linda Fregni Nagler e Cristiano Raimondi).5 Em francês, o outro livro de referência sobre Hercule Florence é o de Boris Kossoy: Hercule Florence. La découverte isolée de la photographie au Brésil (Paris: Harmattan, 2016) [ed. bras.: Hercule Florence. A descoberta isolada da fotografia no Brasil. São Paulo: Edusp, 2007]. Também é possível ler meu artigo sobre Hercule Florence na revista on-line TK-21, de dezembro de 2024: https://www.tk-21.com/Un-meteque-nomme-Hercule-Florence.
Marc Lenot, Paris, 15 de abril de 2025.
Tradução de Debora Fleck.
1. Este texto foi originalmente publicado em francês na revista online Flusser Studies nº. 39, maio de 2025. [n. e.]
2. Pedro Corrêa do Lago é fundador da Editora Capivara, especializada em arte brasileira. [n. e.]
3. Estas cartas estão no Arquivo Vilém Flusser, no dossiê CON8, Conferências canceladas sob as classificações 36 a 41, pp. 51-56. [n. a.]
4. https://ihf19.org.br/pt-br/livraria/livro/7/hercule-florence-le-nouveau-robinson-francais [n. e.]
Vilém Flusser (1920-1991), filósofo tcheco naturalizado brasileiro, abordou, ao longo de sua trajetória, temas muito diversos, como gestos, escrita, exílio, arte, comunicação e imagens, entre tantos outros. Escreveu sobre fotografia nos anos 1970 e 1980, postulando que, no contexto do desenvolvimento da tecnologia da informação, ela foi a primeira forma de imagem técnica a mudar fundamentalmente a maneira como o mundo é percebido. É autor, entre outros escritos, de Filosofia da caixa preta (1983), onde faz considerações sobre os atos de fotografar e de disseminar fotografias, e de O universo das imagens técnicas (1985), onde apresenta uma sociedade composta por criadores e colecionadores de imagens.
Marc Lenot, pensador e crítico de arte contemporânea francês, escreve desde 2005 no blog Lunettes Rouges, publicado durante 19 anos pelo Le Monde. Graduado pela École Polytechnique e pelo Massachusetts Institute of Technology, possui mestrado pela École des Hautes Études en Sciences Sociales e doutorado pela Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne com uma tese sobre fotografia experimental contemporânea. É autor do livro Jouer contre les Appareils (2017, Éditions Photosynthèses, Arles) e coordenador do site Flusser France. Vive entre Lisboa e Paris.